Massacre de la ferme de Richemont

Publié le par Mémoires de Guerre

Le mémorial de la ferme de Richemont est un Monument aux martyrs de la Résistance du Sud-Ouest, morts pendant la Seconde Guerre mondiale, situé sur le territoire de la commune de Saucats (Gironde).

Lucien Anère - Jean-Pierre Bouron - Jean-Claude Bruneau - Daniel Dietlin - Jacques Glotz - Christian Huault - Roger Hurteau - François Mossé - Michel Picon - Jacques Rouin - Roger Sabaté - André Taillefer
Lucien Anère - Jean-Pierre Bouron - Jean-Claude Bruneau - Daniel Dietlin - Jacques Glotz - Christian Huault - Roger Hurteau - François Mossé - Michel Picon - Jacques Rouin - Roger Sabaté - André Taillefer
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Historique

Le Monument aux martyrs de la Résistance du Sud-Ouest dit mémorial de la ferme de Richemont est situé sur la route départementale D65 à environ 4 km au sud-ouest du bourg de Saucats dans le département français de la Gironde, en France. À partir de la D65 on suit, pendant 2 km, la D111E, qui dessert exclusivement le monument. L’événement tragique : En juin 1944, un groupe de FFI (Forces françaises de l'intérieur), formé de jeunes gens entre 17 et 23 ans, se replie dans une ferme abandonnée au lieu-dit de Richemont, près de Saucats en Gironde. Ils sont attaqués le 14 juillet par les membres de la Gestapo Allemande et la Milice française. La ferme est détruite et presque tous les maquisards sont tués. En 1946, il est décidé d'ériger un monument du souvenir dédié, au-delà même des jeunes gens de Saucats, à tous les résistants du Sud-Ouest. Les travaux commencent en 1948 et le monument est inauguré sur les ruines de la ferme de Richemont en 1953.

Il s'agit d'un obélisque de 35 m de hauteur, dont chaque face est décorée d'une sculpture, d'une hauteur de près de huit mètres chacune, symbolisant : la Foi, le Courage, le Sacrifice et la Victoire. La ferme est figurée par quelques pierres, originaires de la ferme, en moellons jointés et blanchis formant un muret, un linteau de porte basse et ses deux montants sur lesquels des inscriptions rappellent les événements tragiques : sur la face extérieure de la porte, on lit : à gauche : « Le 14 juillet 1944 en ce lieu-même dans la ferme de Richemont où ils avaient constitué une école de cadres au service de la Résistance française, 13 jeunes hommes appartenant à l'élite intellectuelle de la nation » à droite : « tombent sous les balles ennemies après 3 heures d'un combat héroïque et inégal. C'est pour rappeler leur sacrifice et celui de tous ceux qui sont tombés pour la même cause que ce mémorial a été élevé ». Sur l'autre face, sont inscrits les noms des jeunes victimes :

  • Lucien Anère,
  • Jean-Pierre Bouron,
  • Jean-Claude Bruneau,
  • Guy Célérier,
  • Daniel Dietlin,
  • Jacques Glotz,
  • Christian Huault,
  • Roger Hurteau,
  • François Mossé,
  • Michel Picon,
  • Jacques Rouin,
  • Roger Sabaté,
  • André Taillefer.

La formation du groupe : Jean Dietlin, faisait déjà depuis longtemps de la résistance. Au printemps de 1944 il entra en relation avec François Mossé, nouvellement venu dans la région. Tous deux commencent à organiser le groupe. Pour son travail de renseignements, Jean employait certains élèves de la Corniche d'Amade du Lycée Michel-Montagne. Jean et François recrutent parmi les camarades de Jean qui préparait le concours d'entrée de Saint-Cyr (les Cyrards) et parmi ceux de son frère Daniel, qui préparait le concours d'entrée de l'École nationale de la France d'outre-mer (les Colos). Le recrutement se faisait aussi à Bordeaux parmi certains jeunes enrôlés dans l'organisation Todt. Le groupe au complet, commandé par François Mossé est : Lucien Anere ; Philippe Béguerie ; Jean-Pierre Bouron ; ? Bourdon ; Jean-Claude Bruneau ; Guy Celérier ; Henri Chanrion ; Daniel Dietlin ; Jacques Glotz ; Marcel Hostein ; Christian Huault ; Roger Hurteau ; Michel Picon ; Ricou ; Jacques Rouin ; Roger Sabaté ; André Taillefer. En plus, il y avait trois soldats marocains : Milliani ben Meki ; Abda Allah et le sergent Driss ben Milou, prisonniers de guerre évadés. 

Et enfin, deux membres qui sont restés anonymes : Ernest et Viau. La liaison avec la Résistance à Bordeaux se faisait par l'intermédiaire de Jean Dietlin, frère de Daniel Dietlin. Le maquis de Saucats, qui était un maquis de l'O.R.A. (Organisation de résistance de l'Armée), était composé de vingt-quatre jeunes gens, entre 17 et 23 ans. Leur mission consistait, dans un premier temps, à faire du renseignement. Par la suite, après le débarquement et un entraînement, ils devaient fixer les Allemands en faisant sauter des ponts ferroviaires sur la Garonne à Cérons, pour retarder leur progression vers le front de Normandie. Les messages donnant le signal de livraison d'armes pour le sabotage : « La panthère est enrhumée », puis « Le coucou chante en mai » passa à la T.S.F. le 16 juillet... L'avion vint dans la nuit du 16/17 juillet pour effectuer le parachutage promis, mais ne largua rien puisque personne n'était là pour répondre aux signaux.

Synthèse du récit de Philippe Béguerie, rescapé du massacre :

Philippe Béguerie : Le 16 juin les membres du futur maquis quittent Bordeaux par petits groupes pour se rejoindre à Saint-Magne, dans une maison du lieu-dit de Douence. Le 18 juin ils déménagent vers une clairière dans la forêt landaise, à quelques kilomètres, où ils avaient l'intention de construire des cabanes. Le 23 juin, après quelques jours de travail, ils sont informés qu'ils sont repérés et sont obligés de déménager hâtivement vers une cabane de berger. Finalement, le 28 juin ils se replient sur la ferme de Richemont, très isolée dans la forêt, à deux kilomètres de la route de Saucats - Saint-Magne. La ferme comprenait cinq pièces, dont deux chambres au sud du bâtiment. 

Ces deux chambres étaient séparées par un mur sans porte de communication avec le reste de la maison. (Ce détail fut crucial lors de l'attaque du 14 juillet, car la seule sortie pour les occupants était face à l'ennemi.) Pendant quinze jours le groupe fait des entraînements militaires ; des repérages pour leurs actions de sabotage sur les voies ferroviaires pendant le mois de juillet. Ils sont inspectés par le 'commandant Perrin' (le général Jouhaud après la guerre), chef de la région bordelaise de l’Organisation de résistance de l'Armée (O.R.A.), qui les juge opérationnels. Le soir du 13 juillet le groupe présent à la ferme était réduit à quinze :

  • Jean-Pierre Bouron était en permission à Bordeaux; il devait revenir le lendemain matin ;
  • Bâton et Abda étaient en tournée de repérage des ponts ferroviaires vers Langon ;
  • Toto faisait la liaison avec la Résistance de Bordeaux ;
  • Ernest est parti l'après-midi avec l'intention de chercher une voiture de l'organisation Todt du côté de Soulac ;
  • Gateux était en tournée de ravitaillement, il devait être de retour le 16 juillet ;
  • Marcel Hostein est parti pour Bordeaux le soir-même.

Ce dernier a apparemment commis des imprudences dans un café de Bordeaux et il est arrêté par des miliciens de l'équipe du 2e service de Lucien Déhan. Il n'a pas résisté très longtemps à l’interrogatoire. Dehan se rend aussitôt auprès du chef du SD (Sicherheitspolizei/ Gestapo), l'allemand Dohse, en compagnie du commissaire René Penot, de la Délégation spéciale des Renseignements généraux. Le SD promet son appui. L'expédition est décidée pour le lendemain matin à l'aube. C'est Marcel Hostein qui les a guidés vers la ferme le matin du 14 juillet. Il n'a pas été fusillé avec les autres, mais il ne pouvait pas échapper à la déportation et, selon Philippe Béguerie, il est mort au camp de concentration de Dachau.

Le 14 juillet 1944

Un peu après 8 h du matin, Philippe est sorti de la ferme pour chercher de l'eau au puits. Driss et Milliani sont dans la cuisine, affairés avec la préparation d'un cuissot de bœuf apporté par Milliani pour le repas du 14 juillet. Les douze autres dorment dans leurs chambres. Une cinquantaine de miliciens, sous le commandement du chef Robert Franc (lieutenant-colonel d'aviation et chef régional de la Milice), et une quarantaine d'Allemands (SD, Feldgendarmes et douaniers) sous le commandement du lieutenant Kunech, se sont rendus à Saucats et encerclent la ferme. Le chef Franc somme les maquisards de se rendre. Il n'obtient aucune réponse. Dès le premier coup de feu, Philippe retourne dans la cuisine pour avertir François Mossé et ses camarades.

Driss, qui avait une mitraillette, a gagné un trou de défense, creusé à l'extérieur de la ferme et a tiré sur les attaquants jusqu'à l'épuisement de ses munitions, puis il a gagné la forêt. Milliani, qui n'avait pas d'arme, a gagné la forêt dès que possible. François Mossé a été mortellement blessé dès le début de l'attaque. Philippe Béguerie, dans la cuisine de la ferme, tire sur les attaquants; après avoir épuisé ses munitions, à son tour, a gagné la forêt. Il a attendu ses camarades au point de ralliement, comme convenu. Personne n'est venu et par une suite d'aventures rocambolesques, Philippe a réussi à rejoindre le maquis d'Armagnac et a ensuite participé à la libération de Toulouse.

Après environ trois heures de combat, les Allemands font intervenir une pièce d'artillerie de 77 mm qui tire de plein fouet six obus sur la ferme qu'ils pulvérisent. Les onze résistants restants, confinés à l'intérieur de leurs chambres, tentent de sortir. Le plupart sont déjà gravement blessés. Ils sont tous achevés par les miliciens et la Gestapo. Jean-Pierre Bouron qui, le jour de l'attaque, revenait de permission à Bordeaux, a été capturé par les miliciens près de la ferme, qui, en même temps arrêtèrent un jeune charbonnier du coin, René Moretto, complètement étranger au maquis. Les deux hommes sont emprisonnés au fort du Hâ à Bordeaux pour interrogatoire par la Milice et la Gestapo. Jean-Pierre Bouron ne parla jamais sous la torture ; René Moretto non plus, car il ne savait rien. Les deux hommes sont fusillés le 28 juillet 1944 au camp de Souge. Leurs noms figurent sur la liste des 273 fusillés du camp. Le nom de Jean-Pierre Bouron a été ajouté à la liste des résistants tués à la ferme.

Après le 14 juillet 1944

Avant de quitter les lieux, les chefs de la Milice et de la Gestapo avaient donné ordre à la mairie de Saucats d'envoyer des hommes pour enfouir les cadavres. Mais le commandant allemand à Bordeaux donna des contre-ordres : « Personne ne devait se rendre à Richemont; tout Français trouvé sur les lieux serait considéré comme complice ; le maire et son adjoint devaient être immédiatement arrêtés ». Ces deux personnes furent arrêtées, mais relâchées rapidement par l'intervention d'un médecin autrichien. Les gendarmes entreprirent d'établir les signalements pour permettre l'identification ultérieure, rendue difficile par l'absence de presque tous les objets personnels, ceux-ci ayant été brûlés par les victimes ou emportés avec les objets de valeur par les miliciens. Le maire, les habitants de Saucats, ainsi que les gendarmes, bravant l'interdiction, se chargèrent de donner des sépultures dignes d'eux, aux résistants assassinés. Le curé de Saucats, Louis Pouydebat, béni les corps dans la nuit du 14 juillet. 

Deux grandes tombes furent creusées près de la ferme et, le 15 juillet vers 16 heures, les cercueils furent descendus en terre et les tombes fleuries abondamment. Au moment de l'inhumation, les gendarmes rendirent les honneurs militaires. Le lundi 17 juillet, 'Gateux' est revenu à la ferme avec ses provisions. Il ne se doutait de rien; puis il découvrit la maison démolie et douze tombes alignées. Le 22 juillet, l'adjudant de gendarmerie Martin de la Brigade de Bordeaux est venu apporter au censeur du lycée Michel-Montaigne quelques documents : des enveloppes, des papiers teintés de sang et des numéros d'économat prélevés sur des vêtements des victimes.

Massacre de la ferme de Richemont
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