Rondot Philippe

Publié le par Roger Cousin

Philippe Rondot, né le 5 octobre 1936 à Nancy et mort le 27 décembre 2017, est un général de division français. À la retraite depuis janvier 2005, il est un « vétéran » du renseignement français. Il a travaillé à la fois pour la DST et à la DGSE, deux services traditionnellement rivaux, et fut le conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales (CROS) de différents ministres de la Défense de droite ou de gauche (Alain Richard, Pierre Joxe et Michèle Alliot-Marie). Spécialiste du monde arabe, il est également l'auteur de plusieurs ouvrages sur le Moyen-Orient, il fut aussi membre de l'IFRI et l'auteur de plusieurs articles dans le journal Le Monde. Il est le principal auteur de l'arrestation du terroriste Carlos au Soudan en 1994. De nombreux commentateurs soulignent son sens du service et de l'éthique.

Rondot Philippe
Rondot Philippe
Rondot Philippe

Il est le principal acteur de l'arrestation du terroriste Carlos au Soudan en 1994. Philippe Rondot, né en 1936 à Nancy, est le fils du général Pierre Rondot. Saint-Cyrien et ancien commando parachutiste, il est docteur en sociologie politique. Philippe Rondot entre en 1965 dans les services spéciaux, où il est officier au service action du SDECE (l'ancêtre de la Direction générale de la sécurité extérieure). En 1975. Alors capitaine, chef de poste adjoint du SDECE à Bucarest, il disparaît pendant trois jours sans donner le moindre signe de vie, alors qu'un agent dans sa position est censé rendre compte de son emploi du temps heure par heure. Rondot a été ensuite « mis en sommeil ». Soupçonné d'avoir été surpris par les services roumains en situation compromettante et d'avoir été "retourné", il subira un interrogatoire mené par le Colonel André Camus (décédé en 1987), chef du département "P" (chargé de "débriefer" les "taupes"), lequel déclara plus tard à Pierre Siramy (ancien cadre DGSE) qui le rapporte dans ses mémoires que Rondot avait été "approché" par la Securitate pendant son "absence". Les services roumains auraient disposé de trois photos pour le faire chanter. Faute d’avoir pu justifier cette absence, il doit rapidement quitter le SDECE.

En 1981, il rejoint la DST, le contre-espionnage français. En 1986, il aurait joué un rôle important dans la libération des otages français au Liban. En 1990, il exfiltre personnellement Michel Aoun de Beyrouth. Entre 1991 et 1993, il participa à la création de la Direction du renseignement militaire (DRM) au cabinet du ministre de la défense Pierre Joxe. En 2001-2002, il est chargé d'identifier les auteurs d'une enquête de la DGSE et/ou de la DST sur des comptes bancaires supposés de Jacques Chirac au Liban et au Japon. La DGSE se serait contentée de recueillir les déclarations d'un correspondant au Japon. En juillet 2002, les résultats de cette enquête conduisent au remplacement de Jean-Claude Cousseran par Pierre Brochand à la tête de la DGSE et de Jean-Jacques Pascal par Pierre de Bousquet de Florian à la tête de la DST. Philippe Rondot fut chargé de la coordination du renseignement au cabinet du ministère de la défense de 1997 au 31 décembre 2005, date de sa retraite. Il était à ce titre le « conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales » (CROS) du ministre de la défense, Alain Richard puis Michèle Alliot-Marie.

En 1994, il est le principal acteur de la capture du terroriste Ilich Ramírez Sánchez (dit Carlos) au Soudan (Carlos a porté plainte contre lui, le 28 juin 2006, pour « enlèvement et séquestration »). Il participe à la libération de plusieurs otages en Libye et, plus récemment, en Irak. En 1996, il tente sans succès de faire libérer les sept moines du monastère de Tibhirine en Algérie qui seront finalement assassinés et participe activement à renforcer les relations entre les services algériens et français. Philippe Rondot fut un des témoins-clés de l'affaire Clearstream, qui portait sur la falsification de listings de la compagnie de clearing bancaire Clearstream. Il fut l'un des témoins entendus par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons dans l'affaire Clearstream. Ses carnets personnels furent saisis lors d'une perquisition à son domicile. Leur contenu divulgué par la presse mit en position difficile le Premier ministre Dominique de Villepin. Ces notes, dans lesquelles il a tout consigné, sont partiellement classées secret défense, et sont aujourd'hui déclassifiées. Le général Rondot, responsable des services secrets français, avait pour habitude de relater de son écriture manuscrite ses actions et ses conversations dans des petits carnets. Il codifiait également les personnes concernés ne les citant pas directement : ainsi le Premier ministre est abrégé en PM, le président de la République en PR, Imad Lahoud en Mahdi, etc. Selon Libération du 13 juillet 2007, la pratique des carnets à spirale du général Rondot témoigne d'une « graphomanie incongrue »..

Les investigations judiciaires sur le PDA HP iPAQ de l'ex-agent secret des renseignements ont également permis de mettre la main sur de nouvelles notes sur l'affaire Clearstream. Cet assistant personnel, saisi lors d'une précédente perquisition, révèle que certaines notes compromettantes pour Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont été effacées de la mémoire flash du PDA. D'après le magazine Paris Match le général Philippe Rondot a déclaré aux juges que l'effacement de ces notes émanait d'une consigne de l'ancien premier ministre Dominique de Villepin. Stéphanie Queroy, qui est à la fois la nièce et l'assistante du général Rondot, a confirmé le 4 juillet 2007 devant les enquêteurs le contenu de ces notes qu'elle a tapées et que ces notes avaient été effacées à la demande de Dominique de Villepin. La saisie de ces notes a révélé d'autres affaires sans rapport avec ces faux listings, notamment des documents des services secrets français faisant état de l'existence d'un compte bancaire détenu par Jacques Chirac au Japon, crédité de 300 millions de francs (près de 46 millions d'euros). Cette divulgation relança l'affaire des comptes japonais de Jacques Chirac à la Tokyo Sowa Bank. Les juges d'Huy et Pons ne sont toutefois saisis que de l'affaire des faux listings.

Selon Le Canard enchaîné du 23 mai 2007, des documents nouveaux saisis chez le général Rondot, versés récemment au dossier, accréditeraient l'existence du compte bancaire en question. Il s'agit d'une chemise intitulée « affaire japonaise », de deux autres appelées « PR1 » et « PR » (pour « président de la République »), contenant des messages de la DGSE et de relevés bancaires japonais. Des notes évoquent « à tort ou à raison » l'ancien président de la Polynésie française Gaston Flosse, ami personnel de Jacques Chirac. Le parquet de Paris aurait tenu une réunion lundi 21 mai 2007 pour examiner les conséquences possibles de ces éléments nouveaux.  Lors d'une première audition comme simple témoin le 28 mars 2006, Philippe Rondot a indiqué aux juges avoir été chargé en janvier 2004 par Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, d'enquêter sur des noms et des numéros de comptes qui figuraient sur des listings de Clearstream. Le général citait le nom de Jacques Chirac comme celui qui aurait donné des « instructions » à Dominique de Villepin sur les vérifications à effectuer. Le général Rondot fut de nouveau entendu comme témoin assisté par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons dans le cadre de l'affaire Clearstream 2 le 22 mai 2007, le 11 juin et le 26 juin 2007.  Au cours de l'interrogatoire du 22 mai 2006, l'officier a été questionné sur la réunion du 9 janvier 2004 dans le bureau de Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, au cours de laquelle ce dernier l'avait chargé d'une enquête secrète de « vérification » sur les listings truqués de Clearstream. Les magistrats cherchent à connaître le rôle de Dominique de Villepin dans cette affaire. Le général Rondot a également été interrogé sur l'affaire du compte japonais de Jacques Chirac (présumé) évoquée dans ses notes, dont plusieurs ont été récemment jointes au dossier.

Publié dans Espions, Militaires

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