Goussu Paul

Publié le par Rodney42

Au collège de Sainte-Croix au Mans, où il fit ses études, il fut le condisciple et l'ami de Robert Cournilleau, futur directeur du Petit Démocrate, organe du P.D.P. Cette rencontre décida peut-être de sa carrière politique car, après s'être lancé dans les activités industrielles et commerciales (il fut négociant en tissus et fabricant de confection) Paul Goussu sollicita et obtint le mandat de conseiller d'arrondissement puis, en 1937, de conseiller général du canton de Loué.

En 1936, il se présenta à la députation dans la Sarthe, en préconisant dans son programme d'importantes réformes des institutions et, en particulier, la réduction de 50 % du nombre des députés. Il fut élu au deuxième tour avec 8.524 voix contre 8.238 à M. Lhuissier, le candidat radical-socialiste. A la Chambre, il adopta l'étiquette du parti démocrate populaire et il fut membre des commissions des douanes, des postes, télégraphe et téléphone et du travail.

Il déposa un nombre important de propositions de loi, tendant notamment à l'augmentation des allocations familiales, à leur extension à toutes les familles rurales et à la protection des producteurs de cidre. Ses interventions en séance furent assez fréquentes. Les plus importantes eurent lieu à l'occasion de l'examen du projet de loi tendant à instituer un Office national du blé et des lois de finances de 1938 et 1939. Le 10 juillet 1940, Paul Goussu vota les pouvoirs constituants au maréchal Pétain.

A la Libération, dans sa décision du 1er octobre 1945, le Jury d'honneur maintient l'inéligibilité qui frappait Paul Goussu en raison de son vote favorable aux pleins pouvoirs accordés au maréchal Pétain, « considérant que les actes qu'il fait valoir ne sont pas d'une importance telle qu'ils puissent être considérés comme impliquant une participation à la lutte contre l'ennemi ou l'usurpateur ». Il ne recouvre son éligibilité qu'en 1951.

Il se présente sans succès aux élections de mai 1952 au Conseil de la République mais se fait élire au mois de septembre suivant comme conseiller général du canton de Loué. Vice-président du Conseil général de la Sarthe de 1952 à 1954, il se présente aux élections législatives du 2 janvier 1956, en tête de la liste d'Union des indépendants et des paysans dans son département d'origine.

Dans ses engagements électoraux, il insiste particulièrement sur son souci d'améliorer la condition des artisans et des commerçants soumis à des charges excessives et victimes de la concurrence du succursalisme sous toutes ses formes. Il affirme également son souhait de voir protéger l'exploitation familiale par une politique d'organisation des marchés garantissant l'écoulement de la production à des prix convenables et l'extension de l'aide accordée sous forme de crédit pour l'électrification, l'adduction d'eau, la modernisation du matériel.

Dix listes se disputent les cinq sièges à pourvoir dans le département. Des apparentements ont été conclus entre les listes MRP, CNI et Républicains sociaux d'une part, la liste d'Union et de fraternité française présentée par Pierre Poujade et une liste d'Action civique de défense des consommateurs et des intérêts familiaux, d'autre part. Aucun de ces deux regroupements n'obtenant la majorité absolue (98 744 voix pour 197 487 suffrages exprimés), les sièges sont répartis à la représentation proportionnelle.

La liste conduite par Paul Goussu, arrivée en quatrième position avec 19 708 voix a un élu. Les listes du PCF (39 451 voix), de la SFIO (35 822 voix) et d'Union et de fraternité française (24 602 voix) remportent chacune un siège. Il en est de même de celle des Républicains sociaux bien que son score de 18 525 voix ne la situe qu'au sixième rang, en raison du succès personnel de Raymond Dronne qui la conduit et recueille 21 445 voix.

Les listes Radicale-socialiste (18 889 voix) et MRP (18 091 voix) n'obtiennent aucun siège, de même que les listes du Groupement pour la réforme de l'Etat et la défense des libertés électorales (12 562 voix), du RGR (4 855 voix) et d'Action civique de défense des consommateurs et des intérêts familiaux (2 663 voix). Paul Goussu, nommé membre de la Commission des affaires économiques le 31 janvier 1956 est reconduit dans ses fonctions le 4 octobre 1957. Quelques jours plus tard, le 18 octobre 1957, il est élu secrétaire de cette Commission.

Ses interventions portent essentiellement sur les problèmes de l'artisanat, de l'industrie, de l'agriculture et du commerce. Au cours de la législature, il dépose notamment une proposition de loi tendant à instituer, au bénéfice des commerçants, artisans, industriels, agriculteurs, chefs d'entreprises personnelles, associés en nom des sociétés de personnes et gérants majoritaires de sociétés, un salaire fiscal correspondant au salaire le plus élevé de l'entreprise majoré de 30 % (7 février 1956), une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à envisager l'exonération des cotisations versées au titre des prestations familiales par les petits exploitants agricoles (16 mars 1956), deux rapports au nom de la Commission des affaires économiques sur la proposition de loi tendant au rajustement de la dispense de cautionnement pour les artisans fiscaux dans les adjudications et marchés (17 juillet et 29 novembre 1956), une proposition de loi relative aux conditions d'établissement des prix agricoles (30 septembre 1957). Le 7 mars 1958, il formule un avis au nom de la Commission des affaires économiques sur la proposition de loi tendant à réglementer l'ouverture et la fermeture des commerces de détail.

S'il refuse la confiance à Guy Mollet le 31 janvier 1956 et s'abstient volontairement lorsque celui-ci demande les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars), il vote la confiance après l'expédition de Suez (25 octobre). Il s'abstient volontairement lors du scrutin d'investiture de Maurice Bourgès-Maunoury le 12 juin 1957 et contribue à sa chute, le 30 septembre, lors du vote de confiance sur les institutions en Algérie. Il accorde sa confiance à Félix Gaillard et vote pour les pouvoirs spéciaux en Algérie (5 et 12 novembre 1957) mais vote contre le gouvernement le 15 avril 1958 ce qui entraîne la chute du cabinet. En matière européenne, il vote la ratification des traités relatifs à la CEE et à l'Euratom le 9 juillet 1957.

Dans les dernières semaines de la IVe République, il s'oppose à l'investiture de Pierre Pflimlin le 13 mai 1958, à la déclaration de l'état d'urgence sur le territoire métropolitain le 16 mai, à la révision de la Constitution (27 mai) avant d'accorder sa confiance au général de Gaulle (1erjuin), de voter les pleins pouvoirs et d'approuver la révision constitutionnelle (2 juin). Le 17 octobre 1958, à quelques semaines du terme légal de la législature, Paul Goussu décède au Mans.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article