Camp de Schirmeck

Publié le par Roger Cousin

Le camp de Schirmeck, en allemand Sicherungslager Vorbrück-Schirmeck, fut un camp de redressement nazi située dans la commune de Schirmeck, Bas-Rhin, en Alsace annexée, pendant la Seconde Guerre mondiale, qui fonctionna de 1940 à 1944. 

Vue du camp et l’entrée du camp de Schirmeck
Vue du camp et l’entrée du camp de Schirmeck

Vue du camp et l’entrée du camp de Schirmeck

Le camp de Schirmeck, en allemand Sicherungslager Vorbrück-Schirmeck, fut un camp de redressement nazi située dans la commune de Schirmeck, Bas-Rhin, en Alsace annexée, pendant la Seconde Guerre mondiale, qui fonctionna de 1940 à 1944. Il était destiné aux Alsaciens et Mosellans réfractaires au régime nazi, hommes et femmes, ainsi qu'aux représailles sur les familles. Mais il reçut en fait des prisonniers d'un peu partout, au hasard des sorts individuels, de l'évolution des lois répressives et de l'arbitraire nazi. Du vagabond à l'ennemi d'État. Pendant la Drôle de guerre, l'Armée française fait construire dans cet endroit protégé de la vallée de la Bruche un petit camp de 6 baraques destinées à accueillir des réfugiés de la ligne de front.

Après la défaite, sur l'initiative du Gauleiter Robert Wagner, chef du Gau de Bade-Alsace, et du Dr Gustav Adolf Scheel, commandant du SD du sud ouest, les allemands l'agrandissent et le transforment en camp de rééducation, Erziehungslager ou Umschulungslager, puis en camp de sureté, Sicherungslager. L'initiative en revient aux SD et non aux SS. Le commandement est confié au SS-Hauptsturmführer Karl Buck qui le gardera jusqu'à la fin. La violence et la terreur caractérisent cet homme à la jambe de bois, dont les détenus évoquent l'insoutenable regard.

Schirmeck est un camp de travail pénible et avilissant. Interrogatoires, endoctrinement, harcèlement, brimades, coups, tortures physiques et morales, privations, parfois meurtres sont utilisés par les nazis. Tout déplacement s'effectue en courant. Un Vorhof, ou avant-camp, comprend un commissariat (Kommandantur) et des petites cellules utilisées comme salles d'interrogatoire par la Gestapo, jouxtant la résidence de Karl Buck. Au fond se situe le camp des femmes, dont la gardienne en chef fut une Alsacienne.

Les kommandos de travail issus du camp, citons notamment ceux des carrières de pierres d’Hersbach et de la base aérienne d'Entzheim, sont pour les nazis une source de revenus rapportant jusqu'à 150 000 reichsmark par an. Le camp de Schirmeck se situe à 6 km du camp du Struthof, que des détenus de Schirmeck ont construit, à l’écart dans la montagne, et qui est un camp de travail Nacht und Nebel. On dénombre ainsi 78 exécutions à Schirmeck même, et plusieurs centaines de détenus envoyés au Struthof pour être assassinés. En septembre 1942, le camp compte 1 400 détenus. On estime à 25 000[réf. nécessaire] le nombre total de personnes ayant été détenues au camp. Les prisonniers portent un bout de tissus distinctif cousu : rouge pour les prisonniers politiques, vert pour les clandestins, jaune pour les juifs, polonais et russes, bleu pour les ecclésiastiques, prostituées et homosexuels, à carreaux pour les asociaux et les droits communs.

Cela concerne des détenus emprisonnés et - a priori - libérés au bout de leur peine. C'est le cas par exemple des 106 jeunes gens d'Hochfelden arrêtés pour avoir célébré publiquement le 14 juillet 1941, ou les familles des fusillés de Ballersdorf en 1943. Citons aussi Pierre Seel, emprisonné jusqu'en mai 1941 pour son homosexualité, victime de tortures ignobles et répétées, puis libéré, incorporé car alsacien dans l'Armée allemande et muté sur le front de l'Est. Environ 10 000 Alsaciens et Mosellans sont passés par le camp avec des durées de détention variant de quelques jours à plusieurs mois. Pour d'autres, c’est un transit, un centre d'interrogatoire, avant d’être dirigés vers les camps de concentration ou d'extermination. Des résistants locaux et nationaux, des juifs, des mineurs polonais, des allemands opposés au nazisme réfugiés en France etc. Mis en service le 2 août 1940, il fonctionna jusqu'à la libération du camp le 22 novembre 1944. Karl Buck fut condamné à mort par un tribunal militaire britannique à Wuppertal en 1946 et par le tribunal militaire de Metz en 1953 ; il fut néanmoins libéré après 8 ans d'emprisonnement.

Publié dans Camps de Concentration

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article