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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Lisette de Brinon

Jeanne Louise Rachel Franck, dite Lisette de Brinon (1896-1982), divorcée de Claude Ullmann, épouse en secondes noces du comte Marie Fernand de Brinon, journaliste en pointe dans la collaboration avec l'occupant nazi. 

Lisette de Brinon

Jeunesse

Lisette Franck est née à Paris (7e arrondissement) le 23 avril 1896 dans une famille de la grande bourgeoisie juive belge installée à Paris et originaire d'Alsace. Son père, Joseph René Franck, chef de bataillon en retraite, officier de la Légion d'honneur, est le dirigeant fondateur d'une compagnie de courtage de sucre. Son frère aîné Henri, mort de la tuberculose le 12 février 1912 à 24 ans, normalien, poète patriotique proche de Maurice Barrès, entretint une liaison avec Anna de Noailles, que Lisette admirait. Son cousin Emmanuel Berl rédigea les premiers discours du maréchal Pétain, notamment le célèbre : « Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. »

Politique et rencontre avec Fernand de Brinon

Depuis sa jeunesse, elle fréquente les milieux de la politique et de la culture. Elle se marie le 19 janvier 1916 avec Claude André Ullmann, attaché de banque, né à Paris d'une famille juive de Francfort. De cette union seront issus deux fils : Bernard (né le 13 janvier 1922 à Paris 6e arrondissement) et Pierre Jérôme. Après la Première Guerre mondiale, elle mène une active vie mondaine, entourée d'artistes et de personnalités de gauche, comme Léon Blum, et de droite, comme Pierre Drieu la Rochelle, qui s'impliquera dans la collaboration avec l'occupant. Elle rencontre au début des années 1930 le journaliste Fernand de Brinon, qui s'est fait remarquer par son interview exclusive d'Adolf Hitler. Poussée par la passion, elle divorce le 22 novembre 1933.

Convertie au catholicisme, elle obtient l’annulation de son mariage. Le 15 novembre 1934, à Neuilly-sur-Seine, elle épouse le comte Marie Fernand de Brinon. En 1938, elle devient marquise de Brinon, statut qui la préservera plus tard des mesures raciales du gouvernement de Vichy. Les invités du nouveau couple sont désormais les politiciens, les journalistes et les intellectuels les plus séduits par la doctrine nationale-socialiste. Après la débâcle de 1940, Brinon devient d'ailleurs l'un des agents actifs de la collaboration avec les Allemands, occupant des postes-clés auprès du régime de Vichy et des autorités d'occupation à Paris, mais le couple tend à se désunir en raison à la fois de l'origine juive de Lisette et de la liaison persistante entre son mari et sa secrétaire, Simone Mittre.

Lisette Franck vit alors une espèce d'exil intérieur sous l'Occupation. Selon Pierre Assouline, elle aurait été déclarée « aryenne d'honneur ». Il s'agit selon lui d'une sorte de certificat qui permet de bénéficier, pour services exceptionnels, de clauses de sauvegarde incluses dans l'article 8 du statut des Juifs et qui préserve par exemple plusieurs protégées de Philippe Pétain, chef de l'État français, comme la marquise de Sauvan d'Aramon, la marquise de Chasseloup-Laubat et Mme Pierre Girot de Langlade, nées Suzanne, Marie-Louise et Lucie Stern, « toutes trois d'origine juive, toutes trois préservées in extremis de l'internement et de la déportation par de miraculeux certificats d'aryens d'honneur ». Gabriel-Louis Pringué affirme cependant que Mme Girot de Langlade « fut massacrée dans les camps de concentration allemands » (Lucie Stern mourut en effet à Auschwitz le 25 janvier 1944). Si Lisette Franck est ainsi à l'abri des rafles, internements et déportations, elle est en revanche persona non grata, tant à Vichy qu'à Paris.

À la Libération, elle tente en vain de suivre Fernand de Brinon jusqu’à Sigmaringen ; comme son mari, elle est arrêtée par les Alliés et ramenée en France. Devant la justice, elle est mise hors de cause tandis que Fernand est condamné à mort pour trahison puis fusillé au Fort de Montrouge le 15 avril 1947. Lisette entretient ensuite une relation amicale intense avec un autre ancien collaborationniste, Jacques Benoist-Méchin, comme le relève son fils Bernard Ullmann dans la biographie qu'il lui a consacrée : « Elle recherchait de préférence la compagnie des gens plus jeunes qu'elle - les hommes surtout, homosexuels souvent, mais pas exclusivement... Jusqu'au bout, Lisette est restée une femme de passion. Étrange continuité dans ses choix, le dernier homme pour lequel elle nourrit une véritable amitié amoureuse fut un miraculé de la Haute Cour de Justice qui avait envoyé son mari au poteau... Célibataire endurci, peu porté sur les femmes, assez imbu d'une ascendance nobiliaire remontant au Premier Empire, Benoist-Méchin trouve en Lisette une hôtesse chaleureuse, une oreille toujours attentive, exagérément parfois à ses yeux, de ses humeurs, de son bien-être et de son état de santé. » Bernard Ullmann évoque aussi son amitié avec l’écrivain Roger Peyrefitte :  « Elle avait croisé l’auteur des Amitiés particulières dans les années 1950 […] Dans la propriété de Louis de Robien, ancien directeur du personnel du Quai d’Orsay, Roger Peyrefitte donna lecture à Lisette de quelques pages de sa Fin des ambassades alors en préparation. »

Décès

Lisette de Brinon est morte le 26 mars 1982 dans une maison de retraite à Montmorency, dans la région parisienne. 

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