Boulin Robert

Publié le par Mémoires de Guerre

Robert Boulin, né le 20 juillet 1920 à Villandraut (Gironde) et retrouvé mort le 30 octobre 1979 dans l'étang Rompu de la forêt de Rambouillet (Yvelines), est un homme politique français qui a été secrétaire d'État et ministre sous les présidences de Charles de Gaulle, Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing. Sa mort brutale et les questions qu'elle soulève ont été le point de départ de l'affaire Robert Boulin. 

Boulin Robert

Résistance

Résistant, Robert Boulin entre en 1941, à 21 ans, dans le réseau Navarre, dont il deviendra le chef, et est engagé volontaire deux ans plus tard. Après la Seconde Guerre mondiale, il est notamment décoré de la croix de guerre et de la médaille de la Résistance. Licencié en lettres et en droit, il devient après guerre avocat à Bordeaux, puis à Libourne. Robert Boulin est initié à la franc-maçonnerie en 1975-1976 à la Grande Loge de France. 

Parcours politique

Gaulliste, il entre en politique après guerre. Conseiller des républicains sociaux, il commence véritablement sa carrière politique en 1958, lorsqu'il est élu député UNR dans la 9e circonscription de la Gironde. L'année suivante, il devient maire de Libourne, après quoi il est constamment réélu député et maire jusqu'à sa mort. Il exerce des fonctions ministérielles pendant près de quinze ans — ce qui constitue un record de longévité à ce type de poste sous la Ve République — sous les présidences du général de Gaulle, de Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing

Il est successivement secrétaire d'État aux Rapatriés (1961-1962), au Budget (1962-1967), à l'Économie et aux Finances (1967-1968), puis ministre de la Fonction publique (1968), de l'Agriculture (1968-1969), de la Santé publique et de la Sécurité sociale (1969-1972), ministre délégué aux Relations avec le Parlement (1972-1973), chargé des Relations avec le Parlement (1976-1977), délégué à l'Économie et aux Finances (1977-1978) et enfin ministre du Travail et de la Participation (1978-1979). Membre de l'UNR, de l'UDR, puis du RPR fondé par Jacques Chirac, Robert Boulin est souvent présenté comme un homme intègre, possédant une grande capacité de travail et très apprécié de l'opinion publique, au point que sa nomination au poste de Premier ministre pour succéder à Raymond Barre est régulièrement évoquée à partir de 1978. 

Mort

Le 30 octobre 1979, à 8 h 40, le cadavre de Robert Boulin est retrouvé dans l'étang Rompu, au cœur de la forêt de Rambouillet (Yvelines) à environ deux cents mètres à l'ouest d'un lacet de la route reliant Saint-Léger-en-Yvelines à Montfort-l'Amaury. L'enquête judiciaire conclut très vite à un suicide. Mais cette version est ensuite contestée par la famille Boulin, des témoins, des journalistes et des hommes politiques de l'époque, qui affirment que le Service d'action civique (SAC) d'Achille Peretti, Charles Pasqua et Jacques Foccart a commandité son assassinat dans la crainte que Robert Boulin ne dévoile le réseau de fausses factures participant au financement du RPR. Le 10 septembre 2015, le parquet de Versailles annonce l'ouverture d'une information judiciaire pour « arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat » dans le but de clarifier les circonstances de la mort du ministre. En novembre 2020, une expertise médicale invalide la thèse de la mort par noyade, considérant les fractures constatées au visage. 

Boulin Robert

Détail des mandats et fonctions

Mandats locaux

  • 1959 - 1979 : maire de Libourne
  • 1973 - 1979 : conseiller régional d'Aquitaine

Mandats parlementaires

  • Député de la 9e circonscription de la Gironde
    • 9 décembre 1958 - 24 septembre 1961 (nommé au gouvernement)
    • 6 décembre 1962 - 6 janvier 1963 (nommé au gouvernement)
    • 15 janvier 1966 - 8 février 1966 (réélu lors d'une élection partielle qui fait suite à la mort de son suppléant, André Lathière, il est remplacé par son nouveau suppléant car toujours membre du gouvernement)
    • 3 avril 1967 - 7 mai 1967 (nommé au gouvernement)
    • 11 juillet 1968 - 12 août 1968 (nommé au gouvernement)
    • 2 avril 1973 - 27 septembre 1976 (nommé au gouvernement)
    • 3 avril 1978 - 5 mai 1978 (nommé au gouvernement)

Fonctions ministérielles

  • 24 août 1961 - 11 septembre 1962 : secrétaire d'État aux Rapatriés (gouvernement Michel Debré, gouvernement Georges Pompidou I)
  • 11 septembre 1962 - 1er avril 1967 : secrétaire d'État au Budget (gouvernement Georges Pompidou I, II et III)
  • 6 avril 1967 - 31 mai 1968 : secrétaire d'État à l'Économie et aux Finances (gouvernement Georges Pompidou IV)
  • 31 mai 1968 - 10 juillet 1968 : ministre de la Fonction publique (gouvernement Georges Pompidou IV)
  • 12 juillet 1968 - 16 juin 1969 : ministre de l'Agriculture (gouvernement Maurice Couve de Murville)
  • 22 juin 1969 - 5 juillet 1972 : ministre de la Santé publique et de la Sécurité sociale (gouvernement Jacques Chaban-Delmas)
  • 6 juillet 1972 - 28 mars 1973 : ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement (gouvernement Pierre Messmer I)
  • 27 août 1976 - 29 mars 1977 : ministre chargé des Relations avec le Parlement (gouvernement Raymond Barre I)
  • 30 mars 1977 - 31 mars 1978 : ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l'Économie et des Finances (gouvernement Raymond Barre II)
  • 5 avril 1978 - 30 octobre 1979 : ministre du Travail et de la Participation (gouvernement Raymond Barre III)

Distinctions

Décorations

  • Chevalier de la Légion d'honneur
  • Croix de guerre 1939-1945
  • Médaille de la Résistance

Chronologie de l'Affaire Boulin

30 octobre 1979

Le corps de Robert Boulin est officiellement retrouvé à 8 h 40 dans 50 centimètres d’eau de l’étang Rompu, en forêt de Rambouillet. Le SRPJ de Versailles chargé de l’enquête conclut immédiatement au suicide par noyade après absorption de barbituriques, puis, dans un deuxième temps, après ingestion de Valium.

Novembre 1979

Enquête préliminaire et disparition des premières pièces à conviction comme le rouleau encreur de la machine à écrire; piratage de la ligne téléphonique de Colette Boulin, cambriolages chez des proches du ministre ; destructions ordonnées de nombreux documents sans l’accord de la famille.

Octobre 1980

Disparition illégale des prélèvements de sang de Robert Boulin. Le docteur Le Breton, alors responsable de l’Institut Médico-légal, décide par précaution de cadenasser le frigo contenant les derniers prélèvements d’organes du ministre.

Février 1981

La famille Boulin découvre grâce à son avocat, Robert Badinter (conseil de la famille jusqu’à ce qu’il soit nommé garde des Sceaux 4 mois plus tard) des photographies prises par la police judiciaire. Celles-ci dévoilent le visage traumatisé du ministre.

Mai 1983

Colette Boulin affirme sur TF1 qu’elle n’a jamais cru à la thèse du suicide de son mari et qu’après sa mort, on a fait pression sur elle pour qu’elle se taise.

Elle révèle que, le 29 octobre 1979, à 20 heures, un collaborateur du ministre, Guy Aubert, lui avait annoncé que Robert Boulin avait été tué.

« Paris Match » publie des photos du corps tuméfié du ministre tirées du dossier judiciaire.

Juin 1983

La famille Boulin, conseillée par leur nouvel avocat Jacques Vergès, dépose plainte contre « X » pour homicide volontaire.

28 septembre 1983

Afin de prouver scientifiquement la noyade, Jacques Vergès demande au juge d’instruction Michel Maestroni, du Tribunal de Versailles, un examen anatomopathologique. Il s’agit de comparer les particules contenues dans les poumons du ministre avec des prélèvements d’eau de l’étang Rompu.

Cette analyse indispensable à la recherche de la vérité, maintes fois réclamée, ne sera jamais effectuée. Pire, les prélèvements d’organes, conservés à l’Institut Médico-légal seront tous détruits.

16 novembre 1983

Une deuxième autopsie à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux, à la demande de la famille, après exhumation du corps, met en évidence la présence de plusieurs fractures au visage, passées sous silence lors de la première autopsie en 1979. Aucune autopsie du crâne n’a été effectuée après la mort, « sur directive du Procureur de la République ». Le corps a été embaumé illégalement. Les légistes considèrent qu’il y a eu « traumatisme appuyé du massif facial du vivant de Robert Boulin » sans conclure, pour autant, que ce traumatisme ait pu être mortel. Les légistes constatent que le corps a été embaumé illégalement, ce qui a eu pour effet de maquiller les traces de coups.

15 janvier 1984

Le fils du ministre Bertrand Boulin déclare à la presse avoir vu des dossiers sortis par son père avant sa mort, en septembre 1979, concernant Elf, Dassault, la Sécurité sociale et l’Arabie Saoudite.

18 janvier 1984

Sur les marches du Palais de justice de Paris, la famille Boulin accuse le Procureur de la République de Versailles, Robert Barbat, de « forfaiture », suite aux nombreuses irrégularités et anomalies de l’enquête. Robert Badinter, alors garde des Sceaux, porte plainte pour « diffamation » contre la famille Boulin. Le procureur général près la cour de cassation dépose une requête pour confier l’instruction de cette affaire à une autre juridiction.

Mars 1984

L’affaire Boulin est dépaysée au Tribunal de grande instance de Paris. Le magistrat Yves Corneloup reprend le dossier, en liaison avec la Brigade criminelle.

Juin 1985

Sortie chez Grasset du roman « Mort d’un ministre » de Patrick Rambaud, inspiré de l’affaire Boulin.

Octobre 1985

Découverte d’une écoute téléphonique du maire de Saint-Léger-en-Yvelines démontrant que l’heure de décès de Robert Boulin a été rectifiée sur ordre du Procureur de la République de Versailles.

7 novembre 1985

Déposition de l’adjoint au maire Serge Tirlet qui décrit les traumatismes au visage de Robert Boulin, qu’il avait lui-même constatés au bord de l‘étang Rompu.

30 avril 1987

Avec son nouveau conseil, René Boyer, la famille Boulin demande au garde des Sceaux, Albin Chalandon, l’aide judiciaire pour financer les coûts d’exhumation des bocaux contenant les derniers prélèvements d’organes du ministre censés se trouver au cimetière de Thiais.

Juillet 1987

L’hebdomadaire « L’Express » annonce que le réfrigérateur cadenassé de l’Institut Médico-légal contenant une partie des prélèvements de poumons de Robert Boulin a été fracturé, puis vidé de son contenu. Il s’agit de scellés judiciaires détruits illégalement.

Novembre 1987

Après des fouilles infructueuses au cimetière de Thiais, la famille Boulin découvre que les ultimes prélèvements d’organes du ministre ne sont pas enterrés sous un monument à la gloire des donneurs d’organes, mais au cimetière de Thiais. Contrairement à ce que la justice et la police indiquaient depuis plusieurs mois…

8 janvier 1988

Dans « L’Express », (« Le faux suicide de Robert Boulin ») James Sarazin révèle que la position des lividités cadavériques sur le dos de Robert Boulin indique que le corps du ministre a été déplacé après sa mort. Un « pool » de journalistes de plusieurs médias se constitue pour tenter de tirer au clair les conditions de la mort de Robert Boulin.

Mars 1988

Le magistrat Alain Verleene reprend le dossier Boulin.

Juin 1988

La famille Boulin porte plainte pour « destruction de preuves ».

20 septembre 1991

Une ordonnance de non-lieu rendue par la juge d’instruction, Laurence Vichnievsky, seulement quelques jours après que le dossier lui ait été confié.

24 mars 1992

Confirmation du non-lieu « en l’état » par la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Paris, présidée par Martine Anziani.

15 décembre 1992

La Cour de cassation confirme le non-lieu, ouvrant un délai de 10 ans avant une éventuelle prescription. Tout fait nouveau surgissant durant ce délai peut permettre la réouverture de l’enquête.

1er octobre 1993

Sortie chez Plon du livre des docteurs Roger Lebreton et Juliette Garat (avec Serge Garde) : « Interdit de se tromper. 40 ans d’expertises médico-légales ». L’ancien responsable du laboratoire de toxicologie de la Préfecture de police de Paris, qui a analysé les prélèvements toxicologiques de Robert Boulin, bat en brèche la version du suicide et réfute les arguments utilisés par Martine Anziani pour expliquer la localisation des lividités cadavériques.

4 juillet 1995

La justice rend une ordonnance de non-lieu suite à la plainte pour «destruction de preuves » déposée par la famille Boulin à la suite de la disparition des prélèvements anatomopathologiques.

Novembre 1999

Le magazine « Golias », sous la signature de Francis Christophe, publie une contre-enquête détaillée remettant en cause la version du suicide (« Le grand maquillage. L’affaire Boulin, 20 ans après »).

Mars 2000

Sortie du livre « Adieu Colbert » de Yann Gaillard. L’ancien directeur de cabinet de Robert Boulin, affirme que c’est à deux heures du matin qu’il a appris par le directeur de cabinet de Raymond Barre à Matignon, Philippe Mestre, que le corps de Robert Boulin venait d’être retrouvé. (Pour rappel la version officielle indique 8h40).

Octobre 2000

Dans un dossier « Robert Boulin 20 ans après » paru dans Le Résistant (le journal a obtenu le prix Varenne pour ce dossier), Louis Jung proche du député-maire et ancien propriétaire du journal dans lequel Robert Boulin écrivait parfois quelques chroniques, s’étonne de ne pas avoir été destinataire d’une des fameuses lettres posthumes quand le chef de l’agence Sud Ouest en a reçu une. Preuve, pour lui, que ce dernier ne les a jamais envoyées lui-même « Vu de Paris, qui connaît Le Résistant ? » interrogeait-il.

15 janvier 2002

Bernard Nicolas réalise une enquête pour 90 Minutes « Le suicide était un crime d’État » diffusée sur Canal + . La même année cette enquête remporte le prix spécial du jury du 17e festival du scoop d’Angers. Elle apporte de nouveaux éléments infirmant la thèse du suicide. Notamment les témoignages du colonel de gendarmerie (Jean Pépin) qui a sorti le corps de l’eau, d’une spécialiste en toxicologie (Juliette Garat) qui a analysé le sang du ministre et d’un ancien substitut du Procureur de la République (Daniel Leimbacher) lequel explique avoir subi des pressions de sa hiérarchie.

30 octobre 2002

« France Inter » diffuse un reportage de 10 minutes dans son 7-9 du matin contenant de nouveaux témoignages battant en brèche la version du suicide : le postier Denis Le Moal, l’expert en écriture Alain Buquet ou encore le gaulliste Olivier Guichard, qui affirme avoir « toujours pensé que Boulin ne s’était pas suicidé ». Le même jour, la justice annonce l’audition de nouveaux témoins dans l’affaire Boulin.

Cette nouvelle enquête préliminaire interrompt la prescription.

13 décembre 2002

Témoignage (dans Sud Ouest « Un silence trop lourd ») de Jacques Douté propriétaire de l’hôtel Le Loubat dont Robert Boulin était un fidèle client.

Il explique avoir été prévenu de la mort de Robert Boulin dès le 29 octobre 1979, à 20 heures.

Il dira aussi avoir été témoin d’un coup de téléphone d’Alain Peyrefitte à Robert Boulin, lequel le prévenait « Écoute arrête absolument tout parce que le Grand est prêt à tout ».

6 octobre 2003

Le magazine « Interception », sur France Inter, diffuse une contre-enquête de 45 minutes « Robert Boulin: un homme à abattre », rediffusée le 18 avril 2004, elle remet en cause, une nouvelle fois, la version du suicide.

4 janvier 2006

Fin des nouvelles auditions devant un officier de police judiciaire de Nanterre.

28 personnes ont été entendues entre 2002 et 2006. Sans réouverture d’information judiciaire…

Janvier 2007

Sortie du livre « L’Expérience du Pouvoir » (Fayard) de Raymond Barre (entretiens avec Jean Bothorel). L’ancien Premier ministre affirme avoir appris la découverte du corps à 3 heures du matin, quand le corps n’a toujours été découvert officiellement qu’à 8 h 40… On lui précise alors que Robert Boulin se serait suicidé par barbituriques.

11 avril 2007

Sortie chez Fayard du livre : « Un homme à abattre. Contre-enquête sur la mort de Robert Boulin » par Benoît Collombat. De nouveaux témoignages remettent une nouvelle fois en cause la thèse du suicide. Cinq ans de contre-enquête durant lesquelles le journaliste explore toutes les archives, publiques ou privées, interroge plus d’une centaine de témoins et met en lumière un imbroglio judiciaire assourdissant.

Octobre 2007

Le procureur général de la Cour d’appel de Paris Laurent Le Mesle refuse la demande de réouverture du dossier.

Mars 2010

Requête de réouverture d’une information au nouveau procureur général de la Cour d’appel de Paris par Me Olivier Morice.

Fin mai 2010

Avant même son rendez-vous fixé par le procureur général, Fabienne Boulin-Burgeat apprend que la garde des Sceaux Michèle Aliot-Marie, en visite à Libourne, a déclaré : « le dossier est clos en l’absence d’éléments nouveaux »

Juin 2010

Des pièces à conviction, notamment des lettres, qui devaient servir à une analyse ADN continuent de s’égarer et un tome entier de la procédure disparaît… avant que tout ne soit retrouvé un mois plus tard.

Mais l’instruction n’est pas rouverte.

Fin octobre 2010

Le nouveau reportage de Marie- Pierre Farkas « Cette étrange affaire Boulin » démonte à nouveau la thèse officielle.

Janvier 2011

La famille dépose une requête devant la Cour européenne des Droits de l’homme pour contester le refus de la justice française de rouvrir l’enquête.

Février 2011

Le gendarme Francis Deswarte, présent lors de la découverte du corps, contredit lui aussi la thèse du suicide et affirme qu’il n’est pas mort noyé: « Ce n’est pas possible. Il était quasiment à quatre pattes. »

Jean Charbonnel, ancien ministre gaulliste, 83 ans, confie à « Sud Ouest » : « Les noms du commanditaire de l’assassinat de Robert Boulin, tels qu’Alexandre Sanguinetti (baron du gaullisme et fondateur du Service d’action civique SAC) me les avait glissés en décembre 1979, sont déposés dans un coffre. S’il m’arrive quelque chose, on les retrouvera toujours ».

15 mars 2011

Sorti du livre de Fabienne Boulin-Burgeat « Le Dormeur du Val » (Ed. Don Quichotte) dans lequel la fille du ministre déroule l’histoire telle qu’elle l’a vécue et relève au passage 77 anomalies au dossier pénal.

29 janvier 2013

La diffusion du téléfilm de Pierre Aknine, « Crime d’État » crée la polémique. Ce « documentaire fiction » controversé tend à démontrer que le Service d’action civique (SAC) d’Achille Peretti, Charles Pasqua et Jacques Foccart a commandité l’assassinat, dans la crainte que Robert Boulin ne dévoile le réseau de fausses factures participant au financement du RPR. Dans le même documentaire, d’autres journalistes et personnalités se disent convaincus de la thèse du suicide.

En avril 2013

Bruno Leroux, président du groupe socialiste et Florent Boudié, député de la Gironde montent au créneau en publiant une lettre ouverte au Premier ministre pour qu’il rouvre l’enquête : « Dans cette affaire qui, pour les uns, relève du drame personnel, pour les autres d’une affaire d’État frappée du sceau de l’omerta, nous vous demandons solennellement de bien vouloir accorder les moyens nécessaires à la Justice pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de Robert Boulin, et donc d’engager la réouverture d’une enquête judiciaire » écrivaient-ils alors.

12 janvier 2015

À un an de la prescription du dossier, Fabienne Boulin-Burgeat, demande l’aide de la CIA. Contactée en 2009 par le journaliste Benoît Collombat, la CIA avait révélé qu’elle possédait un dossier sur la mort de l’ancien ministre mais qu’il était classifié.

10 septembre 2015

Soit trente-six ans après la macabre découverte, le parquet de Versailles ouvre une information judiciaire pour arrestation, enlèvement et séquestration, suivis de mort ou assassinat.

Été-automne 2016

La doyenne des juges d’instruction de Versailles, Aude Montrieux, en charge de l’information judiciaire, quitte ses fonctions pour raisons personnelles. Mais avant de partir, elle a interrogé deux témoins clés qui n’avaient jamais été entendus: l’homme qui affirmait, depuis plusieurs années, avoir vu, dans l’après-midi précédant sa mort, Robert Boulin, en compagnie de deux inconnus à quelques kilomètres de l’étang où l’on a découvert son cadavre ; et le premier médecin à avoir examiné le corps.

Les investigations s’arrêtent brutalement.

À l’automne son successeur ne fait qu’un bref passage dans le cabinet d’instruction.

Le troisième magistrat, Denis Couhé, qui a longtemps exercé en Gironde, déçoit Fabienne Boulin-Burgeat en indiquant que les témoins ne l’intéressaient pas. Pour la fille de Robert Boulin le temps passe et les témoins disparaissent un à un.

30 octobre 2016

Dans le cadre d’une série « Les films noirs de la Ve République », un documentaire illustré de quarante-six minutes est diffusé dans le JT de Laurent Delahousse. La voix off de sa réalisatrice Marie-Pierre Farkas fait écho aux illustrations du Cubzaguais Gilles Pascal (NDLR.dont les planches illustrent cet article). Ce documentaire propose une remise en contexte politique assez éclairante sur le conflit très sérieux opposant l’UDF (Union pour la démocratie française) de Valéry Giscard d’Estaing et du RPR (Rassemblement pour la République) de Jacques Chirac.

26 octobre 2017

Dans un documentaire magnifiquement construit et très péda- gogique diffusé sur France 2, le journaliste Benoît Collombat revient sur l’affaire Boulin avec un titre qui ne laisse aucune place au doute « Mort de Robert Boulin : Révélation sur un crime d’État ». Le journaliste travaille maintenant depuis plus de 15 ans à rassembler les pièces du puzzle d’une affaire qui pour lui s’apparente comme le plus grand scandale de la Ve République. Après de nombreux reportages radiophoniques sur les ondes de « France Inter », puis un livre (« Affaire Boulin: un homme à abattre ») il se met en image et signe ce document visuel avec Bernard Nicolas lequel avait déjà réalisé en 2002 l’enquête pour 90 Minutes.

13 juin 2018

La fille de l’ancien ministre donne une conférence de presse à Paris, pour dénoncer, une nouvelle fois, l’inertie de la justice.

Son avocate Me Marie Dosé se refuse à mettre en cause nominativement Denis Couhé, le magistrat actuellement en charge du dossier, mais elle annonce qu’elle va saisir la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Versailles pour que celle-ci ordonne au juge de procéder à différents actes. Ils concernent les auditions d’une quinzaine de témoins, la réalisation d’une expertise médico-légale, la recherche de scellés et la saisie d’archives.

24 janvier 2019

Le président du tribunal de Versailles décide de saisir un deuxième juge pour mener l’enquête sur la mort de Robert Boulin. Jusque-là, le juge d’instruction Denis Couhé gérait seul ce dossier complexe. Une charge visiblement trop lourde, selon le président du tribunal de Versailles, « vu la gravité et la complexité de l’affaire ». Il lui adjoint la juge Nadège Pequignot.

15 septembre 2019

Devant « l’inertie de la justice » Fabienne Boulin prend la décision d’organiser une reconstitution citoyenne. Celle-ci doit se faire à une date proche du quarantième anniversaire de la mort de Robert Boulin mais non dévoilée. Fabienne Boulin souhaite confronter sereinement la thèse officielle avec la réalité du terrain.

18 septembre 2019

Trois jours après l’annonce de la reconstitution citoyenne, le juge Denis Couhé, mandate quatre experts. Dans sa liste figurent un radiologue, un expert en toxicologie, un pneumologue et Bertrand Ludes, le directeur de l’Institut Médico-légal de Paris. Il leur est demandé de déterminer « les circonstances exactes dans lesquelles le décès de Robert Boulin est survenu ». Nul besoin pour cela d’exhumer le corps de l’ancien ministre, quatre décennies après son décès. Les experts, eux ont jusqu’au 1er mars 2020 pour rendre leurs conclusions.

28 octobre 2019

Comme l’avait annoncé, la fille de l’ancien député-maire de Libourne organise une reconstitution en forêt de Rambouillet deux jours avant la date anniversaire des 40 ans de la mort de son père.

30 octobre 2019

À Libourne une cérémonie a été organisée.Une banderole a été installée par la municipalité sur la façade de l’hôtel de ville , au dessus de la porte d’entrée. On pouvait y lire : « 40 ans après, les Libournais veulent toujours connaître la vérité sur la mort de Robert-Boulin.

31 octobre 2019

Des journalistes demandent à Emmanuel Macron dans une lettre ouverte publiée jeudi 31 octobre l’ouverture des archives des services de renseignement français concernant cette affaire.

« Depuis 1979, alors que six présidents de la République se sont succédé, cette affaire empoisonne et déshonore la vie politique et civique de notre pays », écrivent les quatorze signataires de la lettre.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article