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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Lubin Germaine

Germaine Lubin est une soprano française, née à Paris 8e le 1er février 1890 et décédée à Paris (7e arrondissement) le 27 octobre 1979.

 

Lubin Germaine
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Germaine Lubin naît à Paris, fille d'une métropolitaine et d'un pharmacien guyanais, Samuel Lubin, qui lui enseigne le piano dès l'âge de six ans. Son premier professeur de chant est Martini. Elle se présente au Conservatoire à 18 ans où elle est reçue à l'unanimité et l'admiration de Gabriel Fauré. Elle suit l'enseignement de Félia Litvinne et Lilli Lehmann de 1909 à 1912. Peu avant la Première Guerre mondiale, elle se dispute avec son père, à qui elle reprochait de faire obstacle à sa carrière en se tenant constamment à ses côtés. Dépité, ce dernier retourne vivre en Guyane. Peu attristée par le départ de son père, elle poursuivit sa carrière. Sa beauté, sa taille haute, ses yeux bleus et sa chevelure blonde ne pouvaient que la prédestiner à incarner les grandes héroïnes wagnériennes. En 1912, elle obtient trois premiers prix et commence sa carrière à l'Opéra-Comique dans le rôle d'Antonia des Contes d'Hoffmann d'Offenbach (13 novembre 1912). Elle est l'interprète favorite de Gabriel Fauré qui se plaisait à l'appeler « ma belle statue » et n'hésitait pas à lui dire « j'aime votre voix, elle ne ressemble à aucune autre ».

En 1913, elle épouse Paul Géraldy, auteur du recueil de poèmes Toi et Moi, dont Germaine est probablement l'inspiratrice. De leur amour naît un fils, Claude, qui se suicide le 13 novembre 1953, d'un coup de revolver dans la tête. Elle rejoint le Palais Garnier en 1914 pour y effectuer, jusqu'en 1944, la plus grande partie de sa carrière. Elle interpréte des rôles lyriques tels que Marguerite du Faust de Charles Gounod, Thaïs de Jules Massenet, joue le rôle de Camille dans Zampa ou la fiancée de marbre de Ferdinand Herold, celui de Koethe dans Le Pays de Guy Ropartz avant d'aborder des rôles plus difficiles : Aïda de Verdi, Marguerite de La Damnation de Faust de Berlioz, Salammbô, Marina et ses premiers Wagner (en français) : Elsa, Elisabeth, Eva, Sieglinde. Malgré sa situation et ses succès, elle poursuit son travail vocal pour parfaire sa voix avec Jean De Reszké, Félia Litvinne et la présence scénique avec Lilli Lehmann dans les années 1920.

Germaine Lubin a créée plusieurs rôle à l'opéra : La Légende de Saint Christophe de Vincent d'Indy, La Chartreuse de Parme d'Henri Sauguet et Maximilien de Darius Milhaud et la première et phénoménale Elektra de Richard Strauss. Sa voix, devenue un fleuve immense et somptueux, aux grave et médium de velours et à l'aigu lumineux, lui donnait accès aux grands rôles dramatiques : Donna Anna, la Maréchale, Alceste, Iphigénie, Fidélio, Brünnhilde, Kundry et avant tout Isolde qu'elle chanta pour la première fois (en français) en 1930 et dont elle assure une triomphale centième au Palais Garnier (en allemand) en 1938 sous la direction de Wilhelm Furtwängler et qu'elle reprrend en 1941 avec la troupe de l'Opéra de Berlin, sous la direction d'Herbert von Karajan. Vedette internationale, elle est ovationnée sur toutes les grandes scènes européennes. En 1938, sa Kundry sous la direction de Franz von Hoesslin et son Isolde en 1939 sous celle de Victor de Sabata à Bayreuth, fait d'elle une véritable idole, notamment du chancelier allemand qui demande à la rencontrer, « de toute ma vie je n'ai jamais vu ni entendu une telle Isolde », complimente Adolf Hitler.

Dans le Paris de 1940, occupé par les Allemands, Jacques Rouché essaye de rouvrir l'Opéra et invite Germaine Lubin à revenir chanter Alceste. Suivent les représentations de Fidelio et de Der Rosenkavalier, et en 1941, elle chante à nouveau Isolde, cette fois avec la troupe du Staatsoper de Berlin, en visite parisienne, dirigée par Herbert von Karajan, lui-même mandaté par Hitler ; la représentation, célébre la chute de Paris, a lieu en présence de Winifred Wagner. Germaine Lubin reste liée avec les Allemands qu'elle connaissait et, au printemps 1942, elle se produit lors d'un concert qui accompagnait l'exposition d'Arno Breker au musée de l'Orangerie ; ce sculpteur était étroitement lié aux dirigeants nazis (par la suite, elle déclara qu'elle avait accepté cette participation pour obtenir la libération de Maurice Franck, juif et chef des chœurs à l'Opéra.). Ces activités la rendirent suspecte de collaboration avec les nazis, et après la Libération en 1944, elle est arrêtée et emprisonnée. À l'issue de son procès en 1946, elle est lavée de cette accusation à la suite d'un certain nombre de témoignages de personnes qu'elle avait aidées pendant la guerre. Elle n'en est pas moins frappée – « pour apaiser la tension populaire » – d'indignité nationale à vie (ramenée par la suite à 5 ans, grâce à l'intervention de Paul Géraldy) et d'interdiction de séjour, et condamnée à la confiscation de ses biens. Elle trouva refuge chez des amis en Suisse puis en Italie.

Pour sa part, elle nie tout lien avec l'Allemagne nazie, et garde une grande amertume de la façon dont le gouvernement français l'a traitée. Elle dit un jour : « J'ai souffert d'une énorme injustice. Mon propre peuple m'a volé dix ans de carrière ! C'est un fait que je connaissais certains Allemands quand ils sont venus à Paris pendant l'Occupation. Cela a donné à mes ennemis une occasion de satisfaire leur jalousie... Si j'ai vu les Allemands à Paris - et ils ont été plus que corrects avec moi – c'était pour sauver mes compatriotes. C'était ma façon de servir mon pays dans ce moment difficile. Personne ne saura combien de prisonniers j'ai fait libérer... Quand j'ai passé trois ans en prison, on a confisqué mon château à Tours avec mes biens. Quelqu'un s'est-il donné la peine de me demander pourquoi je n'ai pas accepté les invitations de Winifred Wagner pour chanter en Allemagne pendant l'Occupation ? Mais mon procès n'a été rien d'autre qu'une basse vengeance : j'ai été complètement effacée. Il est vrai qu'on m'a rendu la plus grande partie de ce qu'on m'avait pris. »

Elle indique dans un entretien donné au Quotidien de Paris en 1974 : « Je crois qu'on m'a fait payer très cher les dons que j'avais reçus et que je n'ai pas su faire oublier. » Jusqu'à sa mort, à l'âge de 89 ans, elle se consacre à l'enseignement du chant, dans son appartement du 5, quai Voltaire à Paris. Elle forme notamment Régine Crespin, Udo Reinemann et Jocelyne Taillon. Germaine Lubin enregistra des parties de son répertoire en 1929 et 1930, notamment des rôles comme Tosca, Der Freischütz et Sigurd, ainsi que quelques mélodies de Schubert, Schumann et Fauré. Parmi ses derniers enregistrements en 1944, deux mélodies de Jacques Leguerney et Blangini en duo avec le jeune Gérard Souzay. Dans les années 1950, elle enregistra deux mélodies de Hugo Wolf. En tout, elle laissa plus d'une vingtaine de mélodies enregistrées.

Discographie

  • Bach, Cantate de la Pentecôte no 68
  • Blangini, Duo : Per valli, per boshi - Gérard Souzay (Odéon)
  • Chopin, Tristesse (Étude op. 10 no 3 arr. Fella Litvinne - Jeanne Krieger, piano (1930)
  • Debussy, Je trembre en voyant ton visage (1954)
  • Durante, Virgin tutto amore (1954)
  • Fauré, Au bord de l'eau (Odéon)
  • Gounod, Il était un roi du Thulé (Faust)
  • Leguerney, Signes (Odéon)
  • Puccini, Vissi d'arte ; Notre doux nid (Tosca)
  • Reyer, Sigurd (acte III) (Odéon)
  • Schubert, Der Erlkönig - Éric Itor Khan, piano (décembre 1938, Odéon)
  • Schumann, Liebeslied, op. 51 no 5 - Éric Itor Khan, piano (décembre 1938)
  • Schumann, Lied der Suleika - Éric Itor Khan, piano (décembre 1938)
  • Wagner, Elsas traum (extrait Lohengrin acte I, sc. 2) - Henri Defossé (1929, Odéon)
  • Wagner, Elisabeths begrüssen (extrait Tannhauser, acte II, sc. 1) - Henri Defossé (1929, Odéon)
  • Wagner, Liebestod (Sieglinde, extrait Tristan und Isolde, acte III, sc. 3) - Henri Defossé (19 décembre 1929, Odéon)
  • Wagner, Liebestod - Orchestre du festival de Bayreuth, Victor de Sabata (concert 1939)
  • Wagner, Ein fremder (extrait Die Waküre, acte I, sc. 3 - Henri Defossé (1929)
  • Wagner, Helligster Minne höchste Not (extrait Die Waküre, acte I, sc. 3 - Henri Defossé (1929)
  • Wagner, Ewig war ich... (Brünnhilde, extrait Siegfried, acte III, sc. 3 - Henri Defossé (1929, Odéon)
  • Wagner, Brünnhilde Schlussgesang (extrait Die Götterdämmerung, acte III, sc. 3 - Henri Defossé (1929)
  • Weber, Wie nahte mir des Schlummer (Agathe, extrait Der Freischütz, acte 2, sc. 2) (1927)
  • Wolf, Num wand're Maria (1954)
  • Wolf, Um mittternacht (1954)
  • Wolf, Verborgenheit (Odéon)
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