Valls Manuel

Publié le par Mémoires de Guerre

Manuel Valls, né le 13 août 1962 à Barcelone (Espagne), est un homme d'État français et homme politique espagnol. Il est Premier ministre français du 31 mars 2014 au 6 décembre 2016. Membre du Parti socialiste (PS) jusqu’en 2017, il est maire d’Évry de 2001 à 2012 et député de la première circonscription de l'Essonne de 2002 à 2012 et de 2017 à 2018. Candidat malheureux à la primaire citoyenne de 2011, il apporte son soutien à François Hollande. Il est ensuite ministre de l’Intérieur dans les gouvernements Jean-Marc Ayrault, de 2012 à 2014, avant de devenir chef du gouvernement. Il démissionne à la fin de l’année 2016 de ses fonctions de Premier ministre pour se présenter à la primaire citoyenne de 2017, qu'il perd au second tour face à Benoît Hamon. Lors de l’élection présidentielle de 2017, contrairement à l’engagement qu’il avait pris durant la primaire, il soutient Emmanuel Macron. Réélu député, il quitte ensuite le PS pour s'apparenter au groupe La République en marche (LREM) à l’Assemblée nationale. En 2018, il annonce son retrait de la vie politique française après s’être déclaré candidat aux élections municipales de 2019 à Barcelone, sa ville natale. Il est élu conseiller municipal lors de ce scrutin, sa liste arrivant en quatrième position. 

Valls Manuel

Famille et origines

Manuel Carlos Valls Galfetti naît le 13 août 1962, dans le quartier d’Horta à Barcelone à la clinique la Ferroviaria, rue Campoamor. Naturalisé français en 19824, il a bénéficié de la loi organique no 83-1096 du 20 décembre 1983 qui lève l’empêchement fait aux naturalisés récents (ancien article 128 du code électoral) — depuis moins de dix ans —, de briguer un mandat électoral. Il deviendra le premier Premier ministre de la Ve République à avoir obtenu la nationalité française par naturalisation. Il est le fils de Xavier Valls, artiste peintre catalan6 (1923-2006) et de Luisangela Galfetti, originaire du Tessin en Suisse, sœur de l’architecte Aurelio Galfetti. Son grand-père paternel, Magí Valls, fonde la « banque Pons i Valls ». 

Collaborateur du journal catalan conservateur et catholique El Matí (1929-1936), il cache des prêtres persécutés par des anarchistes durant la guerre civile. Un cousin de son père, Manuel Valls i Gorina, a composé l’hymne du FC Barcelone, dont Manuel Valls est un fervent supporter. Il a une sœur cadette, Giovanna Valls qui a publié en 2015, une autobiographie intitulée Accrochée à la vie. Journal d’une renaissance (aux éditions Jean-Claude Lattès). Son arrière-grand-père paternel, Josep Maria Valls Vicens, aussi banquier, est conseiller municipal de Barcelone et membre de la chambre de commerce. Manuel Valls parle français, catalan, espagnol et italien. La famille Valls a des origines marranes des Baléares. 

Enfance

Il naît à Barcelone car ses parents, déjà installés en France, ont souhaité que leur fils naisse en Espagne. Manuel est baptisé le 24 août 1962 par le père Ventura dans l’église paroissiale catholique de Horta, son quartier natal à Barcelone. Il grandit avec sa sœur Giovanna dans la maison-atelier familiale du Marais, où ses parents reçoivent intellectuels et artistes comme Vladimir Jankélévitch, Alejo Carpentier ou Hugo Pratt. Son parrain est Carlo Coccioli (1920-2003), écrivain italien, et sa marraine est Maria Buina. 

Études

Manuel Valls suit ses études secondaires au lycée Charlemagne, où il obtient le baccalauréat en 1980 malgré une note de 5/20 à l'écrit de français. Il effectue son service national dans l’Armée de terre, comme aspirant au 120e régiment du train de Fontainebleau. Il obtient à l’université Panthéon-Sorbonne (Paris 1) une licence d’histoire en 1986 (il a alors 24 ans). 

Carrière politique

Des débuts dans l’ombre de l’appareil socialiste

Né à Barcelone d’un père peintre espagnol ayant fui le franquisme et d’une mère suisse, il grandit à Paris dans un milieu artiste et obtient la naturalisation française en 1982. Entré aux jeunesses socialistes à 17 ans puis au syndicat UNEF-ID, il se revendique de la deuxième gauche de Michel Rocard qu’il conseille pour les affaires étudiantes, tandis qu’il poursuit son cursus de licence d’histoire. Résolument social-démocrate, il fait ses armes et obtient ses premiers galons successivement ou conjointement sur le terrain ; à Argenteuil, dont il finit par diriger la section socialiste et devenir adjoint au maire ; à la Région Île de France, où il est élu une première fois conseiller en 1986 ; à l’Assemblée nationale, en tant qu’attaché parlementaire puis au gouvernement, comme délégué interministériel adjoint aux Jeux Olympiques d’hiver de 1992.

Premier secrétaire du Val d’Oise, il gravit les échelons du parti socialiste (PS), dont il intègre les instances dirigeantes et se voit chargé de l’image. C’est à ce titre qu’il se fait remarquer de Lionel Jospin, qui le nomme conseiller à la communication et à la presse à Matignon, quand ce dernier devient Premier ministre en 1997. Membre de la vice-présidence de la Région Île de France après la victoire de la gauche aux élections de 1998, l’adjoint au maire d’Argenteuil (depuis 1989), qui a échoué à en remporter la circonscription aux législatives de 1997, décide de s’implanter dans l’Essonne, à Évry, dont il décroche la mairie en 2001 puis, après avoir quitté l’exécutif, la députation en 2002.

Une figure émergente de l’aile droite du PS

Loin de se replier sur un fief qui l’élit dès lors régulièrement, M. Valls entend incarner le courant « réaliste » que d’aucuns nomment « droitier » au sein d’un PS cantonné à l’opposition. Désireux d’en rénover l’image, il se signale par des prises de position souvent hétérodoxes – à propos de la sécurité, de l’immigration, des comptes publics – mais, dépourvu de véritable courant, ne pèse guère au sein de l’appareil. Favorable au rejet du traité européen au nom du strict respect du principe de concurrence à l’échelle internationale, il fait campagne pour le « oui » au référendum par discipline en 2005, après le vote en ce sens des militants. Pressenti comme prise possible de la stratégie d’ouverture de Nicolas Sarkozy en 2007, il reste dans l’opposition et demeure fidèle à son parti.

Soutien de Ségolène Royal dans la campagne malheureuse de cette dernière pour la conquête de la tête du PS à la fin 2008, il se détache d’elle très vite, non sans mener de violentes charges contre la crise de sa formation, en appeler ouvertement à sa rénovation et se prononcer pour un changement de son appellation allant jusqu’à la suppression du mot « socialiste » ; ce qui lui vaut non seulement d’être sèchement recadré par la nouvelle Première secrétaire Martine Aubry, mais encore de se positionner un peu plus à la marge du mouvement, en refondateur potentiel. Ses idées marquées au sceau du réalisme républicain, il trouve l’occasion de les défendre lors des primaires citoyennes d’octobre 2011 : règle d’or budgétaire, coupe dans les dépenses et hausse des impôts, TVA sociale, réforme des 35 heures et des régimes spéciaux des retraites, défense de l’ordre et de la laïcité républicaine, contrôle de l’immigration, autant de thèmes qui se rapprochent de ceux de la droite, mais qu’il n’hésite pas à afficher pour son propre compte. Réunissant derrière lui 5,6 % des voix au premier tour, il rallie aussitôt François Hollande, dont il devient le responsable de la communication et très vite le pivot dans la campagne présidentielle qui s’engage alors.

Un poids lourd du gouvernement

Une fois celui-ci président, M. Valls est récompensé de ses services par l’octroi du stratégique ministère de l’Intérieur. Là, suivant les traces d’un prédécesseur nommé N. Sarkozy, il se distingue par son activisme en tant que « premier flic de France », garant d’une politique ferme en matière de sécurité, et humaniste mais responsable sur le dossier de l’immigration. Il relâche la pression exercée par les précédentes politiques du chiffre, réforme les modalités d’évaluation de la délinquance dans le sens d’une plus grande sincérité des données, assouplit quelque peu les critères d’entrée des étrangers et renouvelle en profondeur une hiérarchie très liée aux gouvernements de droite précédents.

Soucieux de défendre l’institution qu’il dirige, il ne regimbe pas à croiser le fer avec Christiane Taubira au sujet de son projet de réforme pénale, qu’il juge trop laxiste. Ni à polémiquer avec Cécile Duflot sur sa propre politique de démantèlement des camps et ses propos sur les Roms. Mais, dans un contexte contraint par la rigueur et malgré la création de zones prioritaires de sécurité, il peine à obtenir des résultats significatifs en matière de délinquance. Aussi l’intransigeance professée à propos de l’ordre, du républicanisme et de la laïcité, qui lui vaut la bienveillance du corps des policiers ainsi qu’une remarquable cote de confiance dans l’opinion, peut-elle s’avèrer avant tout formelle.

Seul des ministres à rester populaire, il ne fait pas davantage mystère de ses critiques sur le leadership et la méthode de Jean-Marc Ayrault. C’est donc lui qui est chargé par le président de donner un second souffle à son quinquennat après la très sévère sanction des socialistes aux municipales de mars 2014. Placé à Matignon à la tête d’une équipe resserrée dominée par des « hollandais », il a pour mission de mener à bien les réformes engagées par son prédécesseur, d’imposer la discipline dans les rangs et d’obtenir très vite des résultats, sinon dans les faits du moins d’abord dans l’image.

À la tête du gouvernement

Sa popularité ne préserve toutefois pas le PS d’une déculottée au scrutin européen de la fin mai, avec moins de 14 % des suffrages. Et son autorité souffre de l’attaque conjointe en août de deux piliers de son équipe – Arnaud Montebourg (Économie) et Benoît Hamon (Enseignement) – envers la politique économique menée par l’exécutif. Cependant, de concert avec le président, il débarque les contestataires et leurs affidés et opère un remaniement qui affiche clairement l’orientation sociale-libérale privilégiée. Il affronte les frondeurs de son camp à l’Assemblée, avec lesquels il doit batailler pour obtenir la confiance et faire adopter budget et loi de finances, alors même que la croissance demeure au point mort, que le chômage poursuit son inexorable ascension et qu’une succession d’affaires écorne l’image du sommet de l’État.

Il sait trouver le ton et les mots au moment des attentats terroristes de janvier 2015 à Paris et en région parisienne, mais le crédit qu’il retire de la gestion des événements, la détermination dont il fait preuve lors du passage auprès de sa majorité à l’Assemblée, via la procédure du 49-3, d’un projet controversé de libéralisation de l’économie, et son implication personnelle contre le Front national lors des élections départementales de mars ne sont d’aucune aide pour sauver les meubles du PS et repousser la vague bleue qui submerge alors l’Hexagone : divisés, son parti et la gauche plus généralement sortent une fois de plus laminés du scrutin, avec une perte sèche de quelque 27 conseils, dont des bastions, au profit d’une droite qui se présente unie, et de surcroît dopée par ses conquêtes. Ce scénario se répète en quelque sorte peu après la nouvelle salve d’attentats de novembre 2015 à Paris, quand, dans l’état d’urgence, se tiennent les élections régionales, qui placent le FN en tête du premier tour.

Le désistement républicain des listes PS au profit de la droite dans le Nord et en PACA, que prône le Premier ministre, évite que ces conseils ne tombent dans l’escarcelle de l’extrême droite. Si la démission en janvier de la ministre de la Justice C. Taubira, hostile au projet de déchéance de nationalité des coupables de terrorisme appelé de ses vœux par le chef de l’État, permet à M. Valls de faire entrer dans son équipe un fidèle, J.-J. Urvoas, le mini-remaniement qui suit la nomination de L. Fabius au Conseil constitutionnel en février 2016 porte la marque de F. Hollande : J.-M. Ayrault prend la tête du Quai d’Orsay, et 3 écologistes reviennent au gouvernement, comme pour mieux refonder une majorité présidentielle en miettes. M. Valls joue ensuite de son autorité et de la procédure du 49-3 pour faire passer un aménagement substantiel du droit du travail fortement contesté dans la rue comme sur les bancs de l’Assemblée, au sein de sa majorité. Non sans difficultés, blocages ou maladresses… Mais, de la sorte, il affiche clairement sa loyauté envers un président soucieux d’amplifier la timide reprise économique qui se dessine et d’imprimer sa volonté réformatrice, et il met en scène sa propre action modernisatrice et ses états de service, prenant date pour la suite.

Vie privée

En 1986, Manuel Valls fait la connaissance de Nathalie Soulié, institutrice avec qui il se marie l’année suivante. Quatre enfants naissent de cette union. Divorcé depuis, il se remarie en 2010 avec la violoniste Anne Gravoin, son témoin étant Ibrahima Diawadoh N'Jim. Anne Gravoin est entrée en 2012 dans l’équipe des musiciens de l’émission Chabada présentée par Daniela Lumbroso, dont le mari, Éric Ghebali est un proche de Manuel Valls. Si, en 2014, Manuel Valls déclarait un patrimoine de deux appartements et 93 000 euros, il possède également une part d'une SCI, détenue essentiellement par son épouse, qui possède seize lots de copropriété et leur appartement parisien pour une valeur voisine de deux millions d'euros, non déclarée à la HATVP le foyer vivant sous le régime de séparation des biens. Le 18 avril 2018, il annonce sa séparation d'avec Anne Gravoin. Peu après, il annonce avoir pour compagne Olivia Grégoire, députée LREM. Durant l'été 2018, il rencontre l'Espagnole Susana Gallardo Torrededia, riche héritière de l'industrie pharmaceutiqueg, avec laquelle il est désormais en couple. Après avoir officialisé leur relation en octobre 2018, Manuel Valls l’épouse le 14 septembre 2019. Il se dit agnostique. 

Distinctions

Décorations

Décorations françaises

  • En tant que Premier ministre ayant exercé ses fonctions pendant plus de six mois, Manuel Valls est ex officio élevé en 2014 à la dignité de grand-croix dans l'ordre national du Mériteh.
  • De même, en 2016, en tant qu'ancien Premier ministre ayant exercé ses fonctions pendant deux années au moins, Manuel Valls est nommé ex officio au grade de grand officier dans l'ordre national de la Légion d'honneuri.

Décorations étrangères

De par ses fonctions, Manuel Valls est en 2011 fait commandeur de l'ordre du Ouissam alaouite ; puis en 2013, il est fait commandeur de l'ordre du Mérite ivoirien, chevalier de l'ordre national du Lion du Sénégal et grand-croix de l'ordre du Mérite civil (Espagne). En 2014, il est fait chevalier de l'ordre de Saint-Michel et Saint-Georges au Royaume-Uni ; en 2015, grand-croix de l'ordre d'Isabelle la Catholique puis en 2016, commandeur de l'ordre national du Mali et grand-croix de l'ordre du Mérite (Sénégal).

Prix

En décembre 2017, à New York, Manuel Valls reçoit le prix Shofar Voice of Conscience, décerné par l'organisation Elnet (European Leadership Network), dont la section française, présidée par Arie Bensemhoun, œuvre au renforcement des relations bilatérales entre la France et Israël. Le motif de cet honneur est la lutte de Manuel Valls contre le terrorisme et l'antisémitisme. 

Détail des mandats et fonctions

Au gouvernement

  • 16/05/2012 - 31/03/2014 : ministre de l’Intérieur.
  • 31/03/2014 - 06/12/2016 : Premier ministre.

À l’Assemblée nationale

  • 18/06/2002 - 21/07/2012 : député, élu dans la 1re circonscription de l’Essonne.
  • 07/01/2017 - 03/10/2018 : député, élu dans la 1re circonscription de l’Essonne.

Au niveau local

  • 17/03/1986 - 22/03/1992 : conseiller régional d’Île-de-France.
  • 11/03/1989 - 18/06/1995 : 12e adjoint au maire d’Argenteuil.
  • 18/06/1995 - 31/12/1998 : 2e adjoint au maire d’Argenteuil.
  • 23/03/1992 - 15/03/1998 : conseiller régional d’Île-de-France.
  • 24/03/1998 - 27/06/2002 : 1er vice-président du conseil régional d'Île-de-France.
  • 20/06/2002 - 18/11/2002 : conseiller régional d’Île-de-France.
  • 25/03/2001 - 24/05/2012 : maire d’Évry.
  • 07/04/2008 - 09/07/2012 : président de la communauté d'agglomération Évry Centre Essonne.
  • 24/05/2012 - 03/10/2018 : conseiller municipal d’Évry.
  • 09/07/2012 - 03/10/2018 : conseiller communautaire de Grand Paris Sud.
  • 15/06/2019 - 30/08/2021 : conseiller municipal de Barcelone.

Au Parti socialiste

  • 1993 - 1994 et 1995 - 1997 : secrétaire national chargé de la communication.
  • 1993 - 2012 : membre du bureau national et du conseil national.
  • 2003 - 2004 : secrétaire national chargé de la coordination et de l’organisation.

Publications

  • La Laïcité en face, entretiens avec Virginie Malabard, éditions Desclée de Brouwer, 2005, (ISBN 978-2-220-05645-6)
  • Les Habits neufs de la gauche, éditions Robert Laffont, 2006
  • Pour en finir avec le vieux socialisme… et être enfin de gauche, entretien avec Claude Askolovitch, Robert Laffont, 2008
  • La Gauche et le Pouvoir – juin 1906 : le débat Jaurès / Clemenceau, avec Gilles Candar, Essais de la Fondation Jean-Jaurès, 2010
  • Pouvoir, éditions Stock, 2010
  • Sécurité : la gauche peut tout changer, éditions du Moment, 2011
  • L’énergie du changement - Abécédaire optimiste, éditions Eyrolles, 2011, détaille sous forme d’abécédaire son programme de campagne de la primaire citoyenne
  • La Laïcité en France, éditions Desclée de Brouwer, 2013
  • L'Exigence, Paris, Grasset, coll. « Documents français », 2016, 96 p. (ISBN 978-2-246-86130-0)
  • Barcelona, vuelvo a casa, Espasa, 2018
  • Pas une goutte de sang français, Grasset, 2021
  • Zemmour, l'antirépublicain, L'Observatoire, 2022
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article